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Le FBI considère les extrémistes animalistes comme l’une des menaces terroristes les plus graves


Gérald Bronner – Sociologue, membre de l’académie nationale de médecine

Le penseur s’élève contre les partisans les plus radicaux de l’antispécisme, dont l’idéologie égalitariste tend au victimisme et à l’extrémisme animaliste.

Début juillet, une boucherie a été vandalisée dans les Yvelines par des militants prétendant nous interdire de manger de la viande. Les attaques nocturnes de ce genre se sont multipliées ces derniers temps, notamment dans le Nord. Certains éléments se radicalisent chez les végans, témoin ce tweet se réjouissant de la mort de Christian Medves abattu par le terroriste Radouane Lakdim. Pourquoi jubiler, selon cette militante de la cause animale ? Parce que Christian Medves était boucher et qu’il était à ce titre un « assassin » lui aussi. Beaucoup de nos concitoyens, effarés, découvrent que certains de ceux qu’ils prenaient pour des hippies attardés sont en fait capables de violence.

C’est qu’ils ne connaissent pas bien ces mouvements militants. Ils ignorent par exemple qu’aux Etats-Unis le FBI considère que « les extrémistes animalistes font aujourd’hui peser l’une des menaces terroristes les plus graves ». Il faut se souvenir qu’en 1982, par exemple, le Front de libération des animaux a envoyé des lettres piégées à plusieurs hommes politiques anglais ou, en 1987, provoqué l’incendie de 20 voitures de l’université de Californie.

Certains d’entre eux, qui prétendent pourtant défendre la vie sous toutes ses formes, n’hésitent pas à attenter à celle de leurs congénères. Donald Currie, membre de Donald Currie, membre de ce même groupe, a, par exemple, déposé une bombe devant la porte de la maison d’un homme d’affaires lié à une entreprise pratiquant l’expérimentation animale. Il a écopé de douze ans de prison pour cela. Quant à Brian Cass, attaqué à coups de pioche en 2001 pour les mêmes raisons, il n’a dû sa survie qu’à la chance.

Antispécisme.

Nous n’en sommes pas encore là en France, mais du moins l’attaque des boucheries des Yvelines était revendiquée par un tag rageur : « Stop spécisme ». L’antispécisme dont se réclament ces violents idéologues fut popularisé par le philosophe australien Peter Singer, connu notamment pour la publication de son livre « La libération animale ».

Pour lui, les animaux doivent être considérés comme moralement égaux aux êtres humains : « Les racistes, explique-t-il, violent le principe d’égalité en donnant un plus grand poids aux intérêts des membres de leur propre race quand un conflit existe entre ces intérêts et ceux de membres d’une autre race. Les sexistes violent le principe d’égalité en privilégiant les intérêts des membres de leur propre sexe.

De façon similaire, les spécistes permettent aux intérêts des membres de leur propre espèce de prévaloir sur les intérêts supérieurs des membres d’autres espèces. » On peut lui accorder que ces dernières décennies ont permis à la science de montrer que les frontières qui séparent humanité et animalité sont plus poreuses qu’on ne l’a longtemps cru et qu’à ce titre la cruauté envers les animaux est inacceptable.

Cependant, cette même science a montré qu’il existait des différences fondamentales entre leur système nerveux et le nôtre, ce qui rend absurdes les prétentions de cet égalitarisme du vivant. Nous sommes des animaux, mais pas comme les autres. Et l’on peut se demander d’ailleurs jusqu’où ira cette passion égalitariste, car certains en réclament davantage, comme le neurobiologiste Stefano Mancuso, qui, dans son ouvrage « Brilliant Green », exige des droits pour les plantes, cette fois. Les bûcherons devront-ils craindre bientôt que quelques fanatiques ne cherchent à s’en prendre à eux ?

Anthropomorphisme.

Le plus inquiétant avec l’antispécisme est qu’il suit le chemin du totalitarisme. En effet, ses membres les plus radicaux commencent à utiliser la violence dans l’espace public pour faire de valeurs concurrentes des revendications contradictoires. Ainsi, il n’y a pas de gêne à ne pas manger de viande si on laisse les autres déguster une côte de bœuf lorsque l’envie leur en prend.

Les modes d’alimentation sont concurrents mais non contradictoires dans ce cas. Les choses sont différentes lorsque la logique totalitaire – et c’est toujours le chemin qu’elle suit, qu’elle soit politique ou religieuse – cherche à transformer des idées concurrentes en idées contradictoires.

Cet antispécisme réclame des droits pour les animaux sans voir que leurs capacités cognitives ne sauraient leur permettre de s’acquitter des devoirs qu’impliquent les droits qu’ils obtiendraient. Ils parent le monde animal d’atours propres à l’humanité. Ce ne sont pas vraiment des amoureux de la nature.

Au contraire, ils détestent sa cruauté et militent parfois pour la stérilisation des prédateurs. Là où les écologistes se réjouissent de la réintroduction de certaines espèces comme le loup, ils la déplorent en raison du sort des proies qu’ils considèrent comme des « victimes », et une lionne, par exemple, est pour eux une « tueuse en série ».

Ce vocabulaire et cette conception du monde du vivant sont perclus d’anthropomorphisme, ils marquent une étape supplémentaire dans la conception du monde fondée sur le victimisme. Cette idéologie de la détection des nouvelles victimes ne se comprend bien que par la jubilation qu’il y a à dénoncer les bourreaux.

Comme l’actualité le montre, cette jubilation peut facilement se transformer en totalitarisme.

Dans ces conditions, il est tentant de chercher à être une victime plutôt qu’un bourreau qui, c’est le point commun de toutes ces idéologies victimistes, prend plutôt la figure du mâle blanc. De là, il n’est peut-être pas si étonnant de voir des individus sur des plateaux de télévision revendiquer contre l’évidence qu’ils ne sont « ni hommes ni blancs »

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