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Feria, chasse, cause commune? Aujourd’hui, on fait des campagnes véganes et on rejette les réfugiés

Pour le philosophe Francis Wolf, "interdire la corrida serait un assassinat"

Philosophe et professeur d’université, Francis Wolff est en première ligne de la défense de la tauromachie.

Comment expliquer cette montée en puissance médiatique du lobbying des anti-taurin, animalistes et vegans ces dernières années ?

Contrairement à une idée reçue, ce développement ne s’explique pas par un soudain élargissement de notre sensibilité à la souffrance animale. Les moments de sensibilité “animalitaire” ne sont jamais liés à des accès de compassion humanitaire. Sans aller jusqu’à rappeler, une fois de plus, la coïncidence des grandes lois Nazies de protection animale avec les lois de ségrégations raciales, il suffit de regarder ce que nous avons sous les yeux.

Dans les années 80, c’était l’âge d’or de la corrida en France et on accueillait à bras ouverts les boat people. Aujourd’hui, on fait des campagnes véganes et on rejette les réfugiés à la mer. Il faut cependant distinguer : le militantisme végan, de plus en plus violent (attaques d’éleveurs, de bouchers…), n’est pas une radicalisation de l’animalisme mais une animalisation de la radicalisation politique.

Il surfe sur une double confusion. Celle entre animalisme et écologie.

Je me considère comme écologiste et nous vivons une grande crise écologique. Mais défendre les espèces menacées n’a rien à voir avec le fait de considérer les animaux sauvages comme nos chiens et nos chats. Il existe aussi la confusion entre le welfarisme, qui veut légitimement améliorer les conditions de vie des animaux d’élevage et les végans qui veulent abolir tout élevage et rompre ainsi avec ce qui a fait la civilisation humaine depuis 10 000 ans.

Quel bilan faites-vous de l’organisation des différents mouvements œuvrant pour faire la promotion de la tauromachie ?

Il est très positif en France sur le plan juridique. La tauromachie est désormais juridiquement consolidée dans ses zones traditionnelles et la corrida est reconnue comme faisant partie du patrimoine immatériel de la France. Sur le plan sociétal, c’est plus compliqué car on se heurte à des mouvements internationaux très puissants et à une idéologie qui prétend détenir le monopole de la morale.

Je pense qu’il faudrait s’adresser davantage à la jeunesse, sensible au caractère surréaliste d’un spectacle où, un homme en habit de lumières affronte un animal sauvage. Elle peut être touchée par l’héroïsme des deux protagonistes : le toro qui défend sa vie et sa liberté. Et le torero qui crée de la beauté avec la peur de mourir.

Êtes-vous confiant pour l’avenir de la Fiesta ?

À long terme, la corrida, comme toute pratique humaine, est mortelle. J’espère seulement mourir avant elle ! Mais il y a deux types de mort. Celle naturelle, si un jour cette passion immémoriale pour le combat du taureau perdait son sens. Et la mort violente si, demain, les végans triomphent et qu’il soit interdit de manger de la viande, de chasser, de pêcher ou de posséder des animaux de compagnie. Alors, la tauromachie devra être interdite. Mais pas avant ! Ce qu’il faut éviter, c’est un assassinat.

Je pense que le vrai danger vient des démagogues.

Il faut craindre que, demain, un mouvement politique s’empare de la corrida pour se donner une caution morale et détourner l’opinion des vrais problèmes politiques, économiques et sociaux, mais aussi des vrais scandales de la condition animale : animaux trafiqués, massacrés ou transformés en machines à produire pour le productivisme contemporain.

Quelles sont vos idées pour faire la promotion de la tauromachie ?

Si tous les aficionados connus (intellectuels, people, artistes) faisaient leur coming-out, ce serait déjà un progrès.

Si les écologistes conséquents reconnaissaient publiquement que les conditions d’élevage des taureaux de combat correspondent à leur idéal d’élevage extensif et à la biodiversité ; si les défenseurs du bien-être animal, dont je suis, acceptaient d’admettre que les conditions de vie du taureau de combat sont les meilleures possibles ; si les défenseurs de la diversité culturelle s’engageaient à défendre les cultures méditerranéennes menacées par une civilisation anglo-saxonne uniformatrice ; si les défenseurs de la liberté, qui aiment ou non la corrida, concédaient qu’aucune pratique respectant les

Philosophe et professeur d’université, Francis Wolff est en première ligne de la défense de la tauromachie.

Comment expliquer cette montée en puissance médiatique du lobbying des anti-taurin, animalistes et vegans ces dernières années ?

Contrairement à une idée reçue, ce développement ne s’explique pas par un soudain élargissement de notre sensibilité à la souffrance animale. Les moments de sensibilité “animalitaire” ne sont jamais liés à des accès de compassion humanitaire. Sans aller jusqu’à rappeler, une fois de plus, la coïncidence des grandes lois Nazies de protection animale avec les lois de ségrégations raciales, il suffit de regarder ce que nous avons sous les yeux.

Dans les années 80, c’était l’âge d’or de la corrida en France et on accueillait à bras ouverts les boat people. Aujourd’hui, on fait des campagnes véganes et on rejette les réfugiés à la mer. Il faut cependant distinguer : le militantisme végan, de plus en plus violent (attaques d’éleveurs, de bouchers…), n’est pas une radicalisation de l’animalisme mais une animalisation de la radicalisation politique. Il surfe sur une double confusion. Celle entre animalisme et écologie.

Je me considère comme écologiste et nous vivons une grande crise écologique. Mais défendre les espèces menacées n’a rien à voir avec le fait de considérer les animaux sauvages comme nos chiens et nos chats. Il existe aussi la confusion entre le welfarisme, qui veut légitimement améliorer les conditions de vie des animaux d’élevage et les végans qui veulent abolir tout élevage et rompre ainsi avec ce qui a fait la civilisation humaine depuis 10 000 ans.

Quel bilan faites-vous de l’organisation des différents mouvements œuvrant pour faire la promotion de la tauromachie ?

Il est très positif en France sur le plan juridique. La tauromachie est désormais juridiquement consolidée dans ses zones traditionnelles et la corrida est reconnue comme faisant partie du patrimoine immatériel de la France. Sur le plan sociétal, c’est plus compliqué car on se heurte à des mouvements internationaux très puissants et à une idéologie qui prétend détenir le monopole de la morale.

Je pense qu’il faudrait s’adresser davantage à la jeunesse, sensible au caractère surréaliste d’un spectacle où, un homme en habit de lumières affronte un animal sauvage. Elle peut être touchée par l’héroïsme des deux protagonistes : le toro qui défend sa vie et sa liberté. Et le torero qui crée de la beauté avec la peur de mourir.

Êtes-vous confiant pour l’avenir de la Fiesta ?

À long terme, la corrida, comme toute pratique humaine, est mortelle. J’espère seulement mourir avant elle ! Mais il y a deux types de mort. Celle naturelle, si un jour cette passion immémoriale pour le combat du taureau perdait son sens. Et la mort violente si, demain, les végans triomphent et qu’il soit interdit de manger de la viande, de chasser, de pêcher ou de posséder des animaux de compagnie. Alors, la tauromachie devra être interdite. Mais pas avant ! Ce qu’il faut éviter, c’est un assassinat.

Je pense que le vrai danger vient des démagogues. Il faut craindre que, demain, un mouvement politique s’empare de la corrida pour se donner une caution morale et détourner l’opinion des vrais problèmes politiques, économiques et sociaux, mais aussi des vrais scandales de la condition animale : animaux trafiqués, massacrés ou transformés en machines à produire pour le productivisme contemporain.

Quelles sont vos idées pour faire la promotion de la tauromachie ?

Si tous les aficionados connus (intellectuels, people, artistes) faisaient leur coming-out, ce serait déjà un progrès.

Si les écologistes conséquents reconnaissaient publiquement que les conditions d’élevage des taureaux de combat correspondent à leur idéal d’élevage extensif et à la biodiversité ; si les défenseurs du bien-être animal, dont je suis, acceptaient d’admettre que les conditions de vie du taureau de combat sont les meilleures possibles ; si les défenseurs de la diversité culturelle s’engageaient à défendre les cultures méditerranéennes menacées par une civilisation anglo-saxonne uniformatrice ; si les défenseurs de la liberté, qui aiment ou non la corrida, concédaient qu’aucune pratique respectant les principes humanistes ne doit être censurée, nous n’aurions pas, en outre, besoin de faire la promotion de la tauromachie ! Que ceux qui l’aiment aillent aux arènes sans complexe. Que ceux qui ne l’aiment pas nous laissent tranquilles !

Pourquoi est-il essentiel de consolider cette tradition et cette culture ?

Si demain la corrida disparaissait, ce ne serait pas seulement la mort d’une espèce unique de taureaux sauvages, ni seulement l’anéantissement d’une culture séculaire ou la fin d’une passion pour ces centaines de milliers d’aficionados. Ce serait l’assassinat d’un rêve et d’une éthique.

Un rêve ? Quels animaux pourrions-nous admirer demain, lorsqu’il ne restera plus pour peupler nos rêves millénaires que des chats sur des moquettes à qui on aura coupé les ongles et les couilles ? Une éthique ?

La corrida est la seule pratique humaine, aujourd’hui, où l’on s’autorise à tuer l’animal admiré qu’en ayant mis sa vie en jeu. Et ça, c’est l’essence même de la corrida.

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