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Chasse de la St Sylvestre 2016

Pour qui l’a vécue, c’était une de ces journées qui laisse cette impression étrange d’un temps suspendu en une irréelle parenthèse.

Certainement plus de par les conditions météos que pour la St Sylvestre, nous étions bien peu nombreux, sans présager de ce qui avait découragé les fidèles, le réveillon, la brume ou les -6 degrés ?

Il faut bien dire que pour nous qui sommes habitués aux forêts humides, nous nous sentions par-delà les marches de Bretagne, dans des forêts plus ardennaises que bretonnes, mais l’étymologie celtique n’est-elle pas la même, Ardennes, Ar Duen, Hardouinais, alors …

Déjà quelque Cassandre évoquait la voie, justifiant de fait une retraite précoce en pensant au réveillon…

C’était sans compter sur la ténacité de nos piqueux et l’ardeur de nos chiens; 5 heures plus tard nous y étions toujours !

Il faut bien reconnaître que l’ambiance était particulière : la forêt blanche, les étangs gelés, les sons étouffés, les animaux fantomatiques qui apparaissent et disparaissent à la faveur des bancs de brume.

Tout y était, le décor était planté : le massif de la Hardouinais ne faisait-il pas partie de l'antique Brocéliande ? Entre Chrétien de Troyes et Jack London, quoi d’anormal en période de Noël !

Les acteurs étaient prêts, le décor magistral, restait à dérouler l’improbable scénario.

Des courageux avaient rembuché une petite harde dans la futaie du grand étang où les chiens ne manquèrent pas d’empaumer une voie étonnamment encore chaude. Nos animaux franchirent St Joseph, pour certains non sans mal, surpris par un cailloutis gelé qui se dérobait sous leurs pieds.

La chasse filait bon train en direction du carrefour Groussard, parallèlement d’une ligne St Hubert que certains cavaliers, dont je faisais partie, avaient tenté de prendre. Mauvaise idée car, en dehors des chorégraphies artistiques, la glace ne fait pas bon ménage avec les fers de nos montures qui marchaient sur « des œuf


s ». Dès que possible, nous ralliâmes comme nous pûmes via des layons guère plus engageants.

Nos animaux se firent battre entre la 5 et la 3 en bordure de forêt, avant qu’un petit cerf à tête aux bois cassés ne soit trié par les chiens.



Prenant son parti, notre cerf forlonge et passe la route de Merdrignac.

Il fera toute sa chasse de ce côté de la forêt, faisant une première boucle, remontant jusqu’à la ligne Payroux, Lambenard, le Vieux Cerf, Penhouet où il livre une harde aux chiens dont la plupart se font prendre au change.

Mais un petit lot de chiens le maintient en bordure de forêt par la Vieux Ville, le Timeu où le reste de la meute rallie, jusqu’à la route de Merdrignac qu’il refuse.

L’animal cherche de nouveau le change avant de refaire pratiquement ses voies dans un nouveau tour et de venir se faire battre dans la Massonnais.


J’arrivais donc à ce stade, connu de beaucoup, entre "chien et loup", où la nuit arrive et la brume est plus froide, où la chasse coupe le cailloutis menant au rendez-vous.

A ce moment, ce ne sont pas les chiens qui sont en balancés, mais le cavalier, prétextant la fatigue de sa monture, et qui entend les récris d’un côté, et l’appel de la cheminée du rendez-vous de l’autre.

Je me souvenais de cette citation de Louis XIV « C’est toujours l’impatience de gagner, qui fait perdre » !

Je décidais donc d’un repli stratégique de réflexion sur la position dominante d’une petite butte au-dessus de l’étang des Marais, à mi-chemin de la chasse que j’entendais parfaitement et de la cheminée du rendez-vous qui fumait !

Bien m’en a pris, j’entendais les récris monter, puis un grand fracas, avec le bruit étrange de la glace qui filait et rompait sous le poids du cerf : il venait de se jeter dans l’étang, sous mes yeux, suivi des chiens peu à l’aise sur la glace qui dérobait. Mon cheval, pourtant bien mis, s’agitait, inhabitué à ce bruit…

Lèvres gercées, embouchure gelée, trompe glacée, souffle froid, cheval agité, la fanfare du « brise-glace » n’étant pas composée, je me lançais dans un « bas l’eau » hors catégorie, d’une trompe encore plus incertaine que d’habitude. Mais l’important n’était-il pas de se faire comprendre ? Finalement, c’est peut-être ça le fameux « ton vénerie » tant commenté !

Quoiqu’il en soit, après quelques minutes, deux barques étaient à l’eau, une pour le cerf, servi rapidement, l’autre pour les chiens.


Après un réconfort au coin d'un feu au relais de la « Guinguette », nous fîmes une curée aux phares de voitures ; Certes, pour le « chant final » c’était un peu moins romantique que les flambeaux, mais bon, nous nous organiserons mieux la prochaine fois !


La journée se conclut par un pot de l’amitié offert par le Maître d’Equipage, mais personne n’avait envie de partir. Il dut se terminer très tard pour certains enchaînant sur le réveillon!

Une journée comme on les aime en somme !

BJ




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